Mais qui est Varnish La Piscine, ce rappeur, producteur et cinéaste suisso-congolais qui fait trembler d’amour les plus grands artistes internationaux ?
“Rappeur aux identités multiples”, “ovni de la scène suisse”, “surdoué”, “à contre-courant”… Les médias ont multiplié les appellations pour essayer de définir l’artiste, et ça en dit long sur ce qu’il insuffle au rap francophone : un esprit créatif qu’on peut difficilement faire entrer dans une case tant il transpire l’innovation et la multiplicité.
À 27 ans, Varnish La Piscine, de son vrai nom Jephté Mbisi, c’est déjà :
- une famille musicale aux multiples palettes : la SuperWak Clique, un collectif suisse fondé en 2014 dans lequel on retrouve notamment Slimka, Di-Meh et Makala ;
- deux alter ego (au moins) : Pink Flamingo lorsqu’il compose et Fred Koriban, une version plus sombre de lui-même avec qui il fait même des featurings (oui, oui, des featurings avec lui-même) ;
- trois projets solides à son actif : Escape (F+R Prelude), Le regard qui tue et Metronome Pole Dance Twist Amazone.
Plus que des albums, les projets de Varnish sont de réels voyages cinématographiques et auditifs. Depuis très jeune, il baigne dans les films et la musique. À 10 ans, il est déjà passionné d’Hitchcock et de Tim Burton, et l’esprit de tous ces films se retranscrit parfaitement dans sa musique. En 2019, Varnish expliquait à Sophie Laroche, dans une interview pour Konbini, son admiration pour ces réalisateurs : “Ils ont des univers bien à eux et tu le ressens dans leurs films. Hitchcock surtout, il fait bien vivre ses trucs, et puis, tu sais, les effets spéciaux sont super mal faits, c’est incroyable.” Dans sa discographie, on retrouve même un titre en duo avec Slimka titré “Wes Anderson”, un réalisateur connu pour des films comme The Grand Budapest Hotel ou encore Moonrise Kingdom.
Lorsqu’on ferme les yeux en écoutant la musique de Varnish, on est projetés dans la BO d’un film intrigant des années 1950-1960 avec des bugs spatiotemporels qui oscillent entre le présent et le futur. Une sorte de réalité pluridimensionnelle impalpable. Varnish aime raconter des histoires, en parole, en composition, en image, et il le dit lui-même, “j’ai envie qu’on sente l’histoire”.
Dans son premier projet sorti en 2016, Escape (F+R Prelude), la dimension filmique est déjà omniprésente. Varnish nous raconte l’histoire de Jephté qui, des suites d’un accident de voiture, va perdre la mémoire, sera rebaptisé “Fred” et sera pris en charge par une infirmière cheloue qui rêve de tuer ses patients. Dans les sonorités, on navigue entre du rap futuriste tantôt francophone, tantôt anglophone. Le projet est teinté de ses plus grandes inspirations. Par exemple, dans son titre “She Goes”, on peut reconnaître le groove de Pharrell, et dans “Chaha Adams”, la densité sonore qu’on peut retrouver dans “Cowboy” de Tyler, The Creator.
C’est avec son second projet Le regard qui tue, sorti en 2019, qu’il va commencer à capter l’attention d’un plus large public. Cette fois-ci, on est transportés dans l’ambiance d’un film policier qui prend place dans le Monaco des années 1960, avec un imaginaire burlesque proche de la science-fiction. En têtes d’affiche : Bonnie Banane qui joue le rôle de Gabrielle Solstice, une meurtrière en série à la beauté fatale, et Varnish lui-même dans rôle de Sidney Franco, un policier loufoque chargé de traquer Gabrielle mais… qui en tombera amoureux. Le tout est conté par le journaliste Angel de Jesus, interprété par le rappeur Rico TK. Varnish décrit cette œuvre comme étant un “film auditif”…..