Balades Sonores et Chicamancha invitent Valérie Shum King à exposer ses photographies introspectives à La Fabrique Balades Sonores, du 6 au 30 mai 2015.
Comme la plupart de ses projets, Valérie Shum King commence souvent par un autoportrait qui finit par appartenir à la série ou disparaître. La photographe a débuté ce nouveau projet, “In My Head…” en se disant qu’elle souhaitait photographier ce qu’elle ressentait, ce qu’elle ne montrait pas forcément, ce qu’elle pouvait cacher aux autres parfois…
Pourquoi un endroit influence-t-il notre humeur? Pourquoi nous rend-t’il heureux sans raison apparente ou semble ne pas nous convenir? Pourquoi un endroit change t’il du tout au tout en fonction de notre humeur… Ces émotions, nous les cachons au regard de l’autre. Nous ne nous autorisons pas toujours de lâcher-prise. Même l’expression consacrée “Ça va?” est vide de sens. Une phrase rhétorique.
« J’avais envie de photographier tout ça, mon ressenti, au fil des lieux. » dit la photographe. « J’utilise des ballons gonflés à l’hélium pour matérialiser ce qui se passe dans ma tête, pour extérioriser… j’évolue dans cet univers comme dans mon univers intérieur. C’est introspectif. Les ballons montrent cette part de moi et je suis dedans…
J’ai commencé comme ça… pendant mes voyages, cartographiant mon état intérieur, le révélant à l’autre. Je pensais que cette série serait uniquement sous forme d’autoportraits. Bien sûr de temps en temps, la curiosité prenait le dessus… que ressentent les autres personnes?
Et puis, sans que je le veuille ou le souhaite, le projet a commencé à vivre aussi sans moi. »
A la vue de ses autoportraits, on lui a alors demandé qui pouvait participer ? Quelles étaient les conditions? S’il était possible de vivre l’expérience? Valérie a donc envisagé de laisser à d’autres cet espace qu’elle s’était créé pour exprimer ce qu’ils ressentent, pour concentrer un moment et une émotion avec ce qui se cache dans leur tête.
Elle leur a laissé le choix du lieu, et leur a demandé de matérialer par des ballons leurs pensées comme elle l’a fait pour elle, leur laissant le choix des couleurs, du nombre, de leur répartition, groupés, éparpillés, à toutes les hauteurs possibles et imaginables.
Certains ont d’ailleurs souhaité revenir, recommencer l’expérience. Se sentant changés, différents de ce qu’ils étaient alors mais toujours justes, toujours eux…
Finalement tout est impermanence… tout change…
Alors voir ces personnes poser à parfois plusieurs années d’intervalle prend tout son sens. Voir la série dans son ensemble fait d’ailleurs ressortir la particularité de chacun malgré l’unité et la simplicité apparente de l’exercice. Elle nous permet de voir la diversité de personnalité et de sentiments avec juste des ballons qui flottent, comme des bulles abritant nos pensées. Par la simplicité du processus, Valérie Shum King nous amène encore une fois à sonder plus profond notre identité. Un simple ballon comme symbole de toute l’évidence et la complexité de l’esprit humain.