Le Son de l’Hallali
Après 13m2 sorti en 2006 en collaboration avec Yann Tiersen, David Delabrosse sort son nouvel album Le son de l’hallali. L’auteur explique : « le son de l’hallali c’est le son émis par le cor de chasse quand la bête est aux abois. L’urgence que l’on ressent quand on est menacé est présente tout au long de l’album. Menacé par la monotonie, par le vide et la volonté de tenter un dernier quelque chose pour y échapper ». David Delabrosse s’impose aujourd’hui comme une valeur sûre et singulière de la chanson française.
La Lecture de Disque , par Flore Avet
Je voudrais être la personne à qui s’adresse cette délicate et effrayée psalmodie. J’y répondrais avec le même souffle, la même douceur.
Il y aurait un coin de l’espace, à côté de moi sur lequel disposer, mettre en forme un petit paysage.
Il serait fait de ces appartements habités de souvenirs, d’odeurs rances, du sucre étouffant, de voyages lourds, comme les jambes empotées prises dans le rêve. Avec tout autour, sans cesse, des bruits de rues. Une grande construction claire et irréelle, la promiscuité d’un bourdon entêtant, ce chaud dans le cœur qui enlace la voix tendre et simple. Des routes se tendraient autour de ce petit pays marqué de la vie des autres. De ces paysages décrits en litanies, tourbillon de mots, de phrases qui chutent, j’écouterai le froissement et je répondrai par des soupirs. Je répondrai par des phrases osseuses, économes et toutes droites, elles parleront, en creux, de la vie perdue, du temps d’ailleurs, de l’espoir muet.
Il n’y aura pas de collision dans ce dialogue de sens tordus. Je recevrai des impressions du temps ; une gravure d’un état, j’y répondrai par de gentilles oscillations du visage, j’aurai un œil grave sur toutes ces lignes lancées au milieu de l’eau, des lignes comme des éclairs froids, tendus, voir invisibles. Seuls persisteraient les échos de l’air contre ces lignes raides. Une litanie étrange de l’incertitude. Toujours, sur ces lignes claires, des émois en sursis, pressés de se faire cueillir, entendre, lover dans la gorge. Ce n’est pas cette ligne qui vibre, c’est le monde qui rebondit dessus. Les mots au fond, ne font que se glisser dans les interstices.